René
Magritte

L’œuvre de René Magritte fait aujourd’hui partie de notre inconscient collectif. Ses formidables images circulent dans le monde entier et fascinent chaque jour petits et grands. Son secret ? Comme maître du Mystère, Magritte parvient à perturber nos habitudes avec une apparente simplicité. En réalité, il détourne notre quotidien en profondeur ; sous son pinceau, des objets aussi banals qu’une pomme, un verre d’eau, un parapluie ou un chapeau-melon, deviennent soudain extraordinaires ! Magritte nous apprend à voir notre monde, autrement.

Son
histoire
1926
1930
1927
1930
1933
1940
1943
1947
1948
1967

Période noire

Susciter l’inquiétude

Au début de sa carrière, Magritte est prolifique. Ses premières œuvres surréalistes sont empreintes de mystérieuses atmosphères. Magritte y développe un vocabulaire pictural sombre et angoissant. Dans ses images, un jockey se perd dans une forêt de bilboquets géants, des personnages voilés s’embrassent, une jeune femme dévore un oiseau, un corps de femme se transforme en bois,…Alors que les surréalistes français s’intéressent au rêve et à l’inconscient, Magritte, bien éveillé, préfère déjà se pencher sur notre monde, son sujet de prédilection.

Les amants (1928), huile sur toile, 54 x 73 cm (The Museum of Modern Art, New York - Inv. 530.1998)

Mots et images

Dénoncer la manipulation

Dans la série des tableaux-mots peints à Paris entre 1927 et 1930, Magritte veut démontrer qu’il n’y a aucun lien entre un objet réel, sa représentation et sa dénomination. Avec La clef des songes, il démasque le langage : les mots sont arbitraires ! Pourquoi un œuf ne pourrait-il pas s’appeler « acacia » ? Et une chaussure, « lune » ? Qui a décidé de dénommer ces objets ainsi ? Par cette série, Magritte dévoile que les mots sont impropres à désigner la réalité et qu’il faut s’en méfier.

La clef des songes (1930), huile sur toile, 81 x 60 cm (Collection privée)

Affinités électives

Révéler les liens cachés

En 1933, Magritte trouve une nouvelle méthode pour explorer notre quotidien : les affinités électives. Il cherche désormais à révéler les liens cachés entre les objets. Ainsi réunit-il au sein d’une même image une cage et un œuf, une porte et une ouverture, ou encore des pieds et des chaussures. Usant de la métamorphose dans Le modèle rouge, il démontre que porter des souliers est en fait une « coutume monstrueuse ». Ce sont les mots de Magritte !

Le modèle rouge (1947-1948), gouache sur papier, 48 x 37 cm (Collection privée)

Période Renoir

Se placer du beau côté de la vie

En pleine Seconde Guerre mondiale, Magritte s’arme du pinceau pour contrecarrer l’occupation allemande. Pendant quatre ans, il modifie son style et sa palette de couleurs : il emprunte aux peintres impressionnistes leur touche en virgule et troque ses tons sombres d’autrefois contre des tons vifs et colorés. Ses sujets se trouvent aussi modifiés ; sirènes, enfants jouant de la musique, bouquets de fleurs, portraits d’animaux, Shéhérazade,…Contre la guerre, charme et plaisir sont au rendez-vous.

La moisson (1943), huile sur toile, 60 x 80 cm (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Brussels - Inv. 11688.)

Poésie du quotidien

Évoquer le mystère du monde

Les vingt dernières années de la carrière de Magritte voient naître ses plus grands chefs-d’œuvre. Plus qu’un peintre, Magritte est un poète de l’image. Dans ses images, tout devient possible ; le jour et la nuit se réunissent, un rocher flotte au-dessus de la mer, une pomme géante envahit l’espace d’une chambre, un oiseau de ciel survole la ville. Grâce à Magritte, notre monde est transformé. Objets et expérience de notre quotidien s’imprègnent de mystère et de poésie pour nous surprendre et nous enchanter.

L'Empire des lumières (1954), Huile sur toile, 146 x 114 cm (Bruxelles Musée Magritte)
Son
œuvre
Surréalisme

« Qui pourrait fumer la pipe de mon tableau ? Personne. » Magritte résume ainsi l’enjeu de son célèbre tableau, La trahison des images : « Ceci n’est pas une pipe » car il s’agit de l’image d’une pipe, et non de l’objet réel.

Cette œuvre est si harmonieuse qu’il est difficile de repérer sa contradiction… et pourtant ! Un ciel diurne surplombe un paysage plongé dans l’obscurité. Cette rencontre inattendue entre le jour et la nuit est douée de poésie.

Si la pomme cache bien le visage de l’homme, il n’a pourtant pas disparu ! Un objet caché derrière un autre existe toujours, bien qu’on ne le voie plus. Nous en faisons l’expérience chaque jour, à chaque instant.